Comme l’oiseau sur sa branche
Il a marqué son territoire
De préludes et de toccatas
Et par la fenêtre de son antre
Il peut entendre les hirondelles
Les mouches elles-mêmes
Ont élu domicile dans son nid
Du balcon il a vu sur la scène
Des drames qui se jouent
Plus tard, après l’entracte
Du haut de son perchoir
Il pourra apercevoir
Le ballet des chauves-souris
Qui se dirigent à l’ouie
L’hiver la tête à l’envers
L’été le regard pointé vers l’azur
Dans leur arche musical
Bach et Britten l’ont emporté
Pour le sauver du déluge
Des mots qui blessent
Tels une épée dans l’oreille
Et par là même il infiltre
L’onguent suprême
De quinte et sens
Car s’il peut parfois
Transcender l’insoutenable
C’est cette muse ailée
Qui l’envoie tel un oiseau lyre
Entre ciel ether
LE CLOWN BLANC
Il a le teint d’une nuit de pleine lune Et son rire sonne l’impolitesse d’une détresse De ses mots se dégage une chaleur moite Pareil à un ciel nappé d’un voile laiteux Par lequel ne pourrait percer le soleil Chahuté par son comparse au nez rouge Lui si vif aux couleurs de la vie Qui sait plaire aux petits enfants Le clown blanc, la larme à l’œil Se jette souvent du haut des chapiteaux Dans les chansons réalistes Et ça fait rire les petits comme les grands Qui n’aiment pas les perdants Il voudrait fuir comme un pierrot lunaire Et faire rêver les enfants de la terre Mais ses pieds comme sa tête Sont englués dans un morne quotidien Et il attend encore cette petite luciole Qui viendrait se poser dans sa main Dans un bel abat jour il l’installerait Pour enfin illuminer ses nuits