CHRONIQUE
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Philippe MEYER
MA RADIO, HISTOIRE AMOUREUSE
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Au Lucernaire / de Philippe Meyer/ mise en scène Benoit Carré à l’accordéon Jean-Claude Laudat
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Le journaliste de Radio France Philippe Meyer, chanteur et acteur devenu, nous propose une rétrospective émouvante de ses cinquante années à travers les chemins de l’audiovisuel.
En appui sur une canne anglaise, Philippe Meyer nous raconte les ondes magiques, nourricières de la radio, cette fiancée compensatrice de la solitude de son enfance, jusqu’à son mariage, à l’âge adulte, pour le meilleur et pour le pire, avec le monde de l’audiovisuel.
Nul besoin de décor, on est à la veillée, il nous cause ou chante, accompagné par le discret accordéoniste Jean-Claude Laudat. L’entrée en matière, ce sont les frères Jacques « Il fait beau, quand le soleil s’est levé là-bas, derrière Pantin… » Le chant, son mouvement, une douce tempête, un jeu d’ombres et de lumières, il les a bien connus, les frères Jacques.
Après avoir quitté, enfant, « une maison vide d’amour », il fait la découverte au pensionnat de la radio. Le soir, dans son lit, caché sous les draps, il capte Les Maîtres du Mystère ou Signé Furax sur un poste à galène. Les ondes radiophoniques sont pour lui une manière d’exister, d’apprivoiser la solitude et de combler l’absence.
« Seul en scène », en une suite d’acrobaties légères, il raconte d’innombrables petits faits qui finissent par devenir une vie. Parfois, il s’arrête pour briguer la chansonnette. La voix, cet organe, aura été son outil de travail, et la faire vibrer, à bon escient, d’une tonalité douce, émaillée de propos croustillants est un bonheur à l’écoute. On fait la connaissance d’un Philippe Meyer brillant causeur, lucide et plein d’esprit. Il nous relate en quelles circonstances, il a rencontré au Québec l’auteur-compositeur-interprète Gilles Vigneault, « coup de foudre amical. » Il fait ressurgir du passé son émission satirique Télescopages sur France Inter, Jacques Chancel et le grand échiquier, il passe en revue les archives culturelles d’une époque à jamais révolue.
A la fin du spectacle, au retour d’un rappel, en un bouquet final, Philippe Meyer nous décoche, en confidence, quelques paroles des 48 plus belles chansons du Paris populaire, de Brel, à Charles Trenet, en passant par Jacques Dutronc … « Il cinq heures Paris s’éveille… » Oui, il a la gouaille attentionnée et l’humour plaisant cet homme-là.
Quel cheminement singulier !
On aurait envie de l’écouter davantage. De profiter encore un p’tit moment du cocon de sa voix rassurante. D’en savoir un peu plus sur lui-même, les coulisses de Radio France et de l’audiovisuel en général, mais le spectacle a ses limites, n’est-ce pas !
On était un peu à la veillée, en chaumière salle comble et chaleureuse, bercé d’airs d’accordéon oui, en des temps si troublés, on avait envie de rester à la maison et de ne pas en sortir.
Patrick Ottaviani (février 2020)
Seul en scène
LUCERNAIRE
Du 26 janvier au 26 avril, les dimanches à 19 heures.