L’image du christ est universelle… dans une dizaine de jours les trois-quarts de la planète fêteront sa naissance dans l’amour et dans la paix. Nous ne serons pas à genoux mais quelque part transcendés. Qui peut prétendre réunir une telle fraternité humaine : Sarkozi ?... Obama ?... Nous en sommes loin… peut-être les Beatles et encore…
Au théâtre du Rond Point des Champs-Elysées pour le spectacle de Rodrigo Garcia : Golgota Picnic, j’y étais ! J’ai traversé une belle rangée de policiers pour pouvoir atteindre l’entrée du théâtre. Sur le trottoir d’en face, avenue Montaigne, des manifestants, pour la plupart chrétiens pratiquants, élevaient leur voix contre ce spectacle qu’ils n’avaient pas, comme le fait remarquer dans les médias Jean Michel Ribes (directeur du théâtre), vu. Ils en avaient simplement entendu parler un peu (en mal)…
J’y étais !
J’étais présent dans la salle aussi chrétien qu’un musulman athée, aussi catholique qu’un israélite converti… Je m’attendais à un décrochage du christ de son totem en bonne et due forme. Je dois avouer que je n’ai vu qu’un déballage d’insanités balancées à tort et à travers, un peu comme si nous étions dans un Mac Donald avec une bande d’adolescents dégueulasses et turbulents.
Disons que cette écriture a commencé sans écrire, elle a commencé comme toute écriture, à partir d’expériences vécues, que j’ai récupérées par la suite. C’est par exemple le cas de la peur que Dieu m’inspirait quand j’étais enfant, nous précise Rodrigo Garcia dans son interview pour le catalogue du Rond Point en parlant de son travail pour cette pièce. Pour subjuguer cette peur il fait vomir et cracher ses acteurs sur cette image de miséricorde, tout cela sur grand écran et en gros plans (par chance personne ne chie dessus)… ce n’est plus j’irai cracher sur vos tombes, c’est j’irai pestiférer sur votre croix.
Bien sur la crudité des scènes est frappante et nous interroge… ces corps constamment nus et huilés de couleurs qui semblent singer des tableaux de la Passion ; cette obstination à crucifier d’injures celui que déjà deux millénaires auparavant on avait crucifié, choque nos esprits et nous questionne, mais tout cela ne nous explique pourtant pas pourquoi Dieu ne devrait pas exister, ni ne nous prouve qu’il nous est néfaste. Nous sommes face à une diarrhée de mots et d’images que notre conscience ne parvient à recueillir que comme si elle n’était plus qu’un pot-de-chambre.
Malgré tout cela au bout du compte un miracle arrive (les miracles arrivent toujours !) : sur scène Marino Formenti (nu comme on peut l’imaginer) pianiste et chef d’orchestre italien, nous interprète au piano Les sept dernières paroles du Christ sur la croix de Joseph Haydn dans son intégralité. Seules la musique et l’ombre nue de Marino sont présentes sur scène. Une musique qui tend ses lianes vers le divin et semble nous laver le temps de son interprétation du dégout qui nous restait dans la gorge après ce spectacle.
Dieu est grand et la musique est son prophète !
David Nahmias (12/2011)