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RUE, ANGLE ET FEUX de Pierre Godo

Sang bercé

Tu as pris ton sang dans tes bras
et tu as pleuré
c’était la veille du jour de ton être
et devant nous se tenait un miroir vide
le sang était bleu comme tes paupières
je criais ton nom
tu étais là devant moi
c’était le matin d'avant notre rencontre
il y avait du sang et beaucoup d'eau
la mer était puissante
le soleil séchait sur les terrasses où tu courais
face à la rosée la veille du jour
face au vent
face au miroir vide
face à l'ombre des immeubles
face à tout ce qui venait et ne venait pas
sans savoir quoi c'était
les rues étaient presque désertes
il y avait des poubelles parfois
dans les champs des objets sales ou bien cassés
éparpillés
Tu berçais son sang dans tes bras,
dans tes doigts pressés,
l'enfant pour qu'il renaisse
c'était cela
la seule chose au monde qu'il te fallait faire

Folies

Je vois le soleil entrer dans ton visages'arrêter au bord de la lèvre inférieure de la bouche
c'est un jour de pluie glacée,
quand vient l'accalmie
le serveur fait briller ses carreaux
bizarre temps
et toi tu es là
à la limite de ne pas être là

Nous buvons nous parlons
nous mangeons des cacahouètes
c'est un beau jour d'été de pluie glacée
le soleil timide se repose sur ta lèvre inférieure

Tu es assis sur un matelas pneumatique
avec des vêtements d'enfant
tu cries
le serveur arrive aussitôt pour te mettre la tétine
et plus personne ne fait attention à toi
une vague musique continue
qu'est-ce que c'était déjà?

C'était un jour d'été glacé
et quand les touristes s'enfuient
sous la pluie qui bat le pavé
tu essaies de ramer
comme si le trottoir était l'océan
le Grand Pacifique
sur ton matelas pneumatique
bien sûr c'est un peu difficile
et tu n'avances que très lentement 

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RUE, ANGLE ET FEUX

Pierre GODO a écrit Noces pour la main d'un monde, publié en 2005 chez Voix d'Encre. Il écrit régulièrement dans des revues, souvent en collaboration avec des artistes. 

 Pierre Godo

Le travail de Pierre Godo est profondément marqué par sa fréquentation de l'Asie qu'il découvre à travers plusieurs chemins. La
poésie est pour lui un chant qui naît quelque part entre le corps et l'esprit. Après le chant il y a le silence, et après le silence ?