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LA LOUVE au Théâtre de la Bruyère

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La Louve que nous propose le théâtre de la Bruyère, nous est présentée dans un écrin que nous ont concocté Jean Haas pour les décors et Jean-Daniel Vuillermoz pour les costumes, on découvre ainsi en fond de scène un grand miroir mural au tain vieil argent reflétant de manière trouble les personnages évoluant dans leur rôle et offrant au décor une ambiance de pièce intime d’une résidence royale ; les costumes, quant à eux, sont somptueux tout en restant sobres et confèrent une parfaite authenticité aux personnages.

Nous sommes en 1515, les prières de la princesse Louise de Savoie (la Louve) vont enfin être exhaussées : son fils François d’Orléans va être couronné Roi de France et succéder à Louis XII qui meurt sans avoir pu engendrer un héritier, malgré ses ultimes tentatives avec la flamboyante Marie d’Angleterre, sa dernière épouse. Il deviendra François Ier, mais une nouvelle risque de bouleverser les plans de la Louve et de lui faire perdre sa couronne : la Reine Marie se déclare enceinte du Roi défunt que l’on imaginait définitivement incapable d’engrosser la moindre jument verte. Si ce futur enfant s’avère être un garçon, il deviendrait de droit Roi de France.

 Après cette révélation nous assistons à un long flash-back véritable corps de la pièce où on assiste à un ballet d’intrigues et de jeux amoureux pendant la courte période qui précède la mort du Roi Louis XII. Les courtes apparition de Patrick Raynal dans le rôle de ce Roi mourant nous offre toute la dimension de son talent et nous aurions aimé le voir plus souvent dans ce rôle pathétique.

Béatrice Agenin interprète avec brio le rôle de la Louve dans lequel elle mène son petit monde en usant d’une diplomatie infernale : mensonges, promesses mesurées, chantages… elle parvient à écarter tout mâle séduit sans peine par la Reine Marie (Coralie Audret) dont la beauté n’est plus à colporter, qui pourrait en une simple nuit l’engrosser et la rendre mère et de ce fait Régente de France. François d’Orléans lui-même tombe dans les filets de ses charmes et s’il n’y eut sa mère pour lui éclaircir les idées, aurait offert au trône de France, qui lui est destiné, son propre fils, bâtard de sang royal, mais tout de même bâtard. Gaël Giraudeau est merveilleux et convaincant dans ce rôle d’impétueux jeune homme au sang vif et au caractère bouillant. Il emplit la scène de son jeu débordant de vie.

Maud Baecker dans le rôle de la Reine Claude est parfaite dans son jeu de claudicante silhouette, épouse soumise et discrète qui deviendra Reine de France et donnera à son cher époux François une dizaine de descendants.

Pour Yvan Garouel interprétant le rôle du soupirant transi de la princesse Louise, notre Louve, accomplissant pour lui plaire, les yeux fermés et en enfouissant ses scrupules, ses désirs les plus périlleux et participant à ses intrigues les plus immorales, il est affreusement bègue, source de scènes comiques si ce bègue eut été un peu plus persuasif dans le jeu de son handicap.

C’est une belle page d’histoire que nous raconte La Louve de Daniel Colas, est-elle véridique ou simplement inventée et colportée par le conteur Brantôme (1537-1614) dans sa « Vie des Dames galantes » ? il est difficile de le savoir. Nous pouvons ou pas lui accorder notre crédit. Ce qui importe est que l’intrigue nous tient en haleine jusqu’à la chute du conte et du rideau.

Beau et passionnant spectacle qui mérite l’escale au théâtre de la Bruyère.

P.S. Durant la pièce, tout au long de cette comédie mise en scène par Daniel Colas, lui-même, un personnage allume et souffle les bougies, seuls accessoires du décor, avec légèreté et discrétion. Cette jeune fille ne dit mot, et disparait à chaque page tournée de l’histoire, comme passerait un ange. Je n’ai pas vu son nom sur l’affiche ni dans le programme, mais pourtant l’hors de l’ovation du public à la fin du spectacle, elle se tenait parmi les acteurs, telle une figurante à table pour que l’on ne fut pas treize et reçut nos applaudissements avec autant de chaleur que les protagonistes de la pièce. Ainsi parfois les anges qui passent, restent !

David Nahmias (8/9/16)

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Le Théâtre de la Bruyère présente

La Louve

Une Comédie de Daniel Colas
Mise en scène par l'auteur

 

Avec :

Béatrice Agenin - Gaël Giraudeau
Coralie Audret - Maud Baecker
Yvan Garouel - Adrien Melin
et Patrick Raynal 

Assistante à la mise en scène Victoire Berger-Perrin - Costumes Jean-Daniel Vuillermoz - Décor Jean Haas - Lumières Kevin Daufresne - Musique Sylvain Meyniac

 

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